En mars 2011, la France se dote enfin d’un lieu dédié à la création numérique sous toutes ses formes. En plein centre de Paris, la Gaîté Lyrique ouvre ses portes près de dix ans après l’ébauche du premier projet de réhabilitation par les équipes de la ville de Paris.

Lieu chargé d’histoire s’il en est, la Gaîté a d’abord vu passer bon nombre de noms de la variété française, des opérettes d’Offenbach aux pièces de Sylvia Montfort. Son histoire devient ensuite des plus cocasses, puisque la Gaîté est transformée dans les années 80 en un parc d’attraction appelé la « La Planète magique » : entre ville incas et inspecteur gadget, une parodie de parc d’attractions voit le jour en dépit du bon sens dans ce lieu du coup complètement dénaturé. Echec commercial, il est alors laissé à l’abandon pendant de nombreuses années, jusqu’à ce que l’idée de le transformer en espace de monstration, de production et de résidence d’artistes d’arts numériques et des musiques actuelles voit le jour.

Un appel à projet architectural est lancé, qui sera remporté par Manuelle Gautrand. Lors de sa présentation au public en 2003, Manuelle Gautrand expose sa principale contrainte : un voisinage très présent qui oblige à une importante insonorisation. De cette contrainte nait pourtant une des idées phares : la création d’espaces qui s’emboitent les uns dans les autres comme des poupées russes. A l’intérieur, un théâtre numérique conçu comme une boîte hermétiquement protégée et donc ouverte à tous les possibles multimédia. Autre idée dédiée à rendre ce bâtiment dynamique et modulable, les éclaireuses, sortes d’unités mobiles extrêmement sophistiquées techniquement et pouvant accueillir au besoin, des loges, des espaces d’artistes…

De 2002 à 2004, Anne Roquigny et Pierre Bongiovanni (fondateur du CICV – Centre International de Création Vidéo) sont chargés de faire vivre cet espace en devenir, afin de préfigurer ce qu’il sera après les travaux de réaménagement. Performances, expositions éphémères, soirées des plus festives… expériences étranges que de découvrir des travaux d’artistes, tout en parcourant les vestiges d’un parc d’attractions !

En 2010, l’équipe de programmation dirigée par Jérôme Delormas (programmateur arts visuels passé par le Lux à Valence et la Ferme du Buisson) dévoile les grands axes de programmation artistique de la Gaîté Lyrique. Aucune discipline artistique n’est oubliée : graphisme, musique, jeux vidéo, animations, architecture, design, arts plastiques… La programmation se veut éclectique, avec des rendez-vous récurrents, des expositions temporaires et 3 concerts par semaine !

S’insérer au cœur de Paris et de sa population. Faire découvrir la culture numérique dans ce qu’elle a de plus variée : propositions plastiques, interactives, performatives, spectacle vivant et musique. L’objectif est de transformer la Gaîté en un parcours ludique et en un lieu artistique à vivre. Chaque espace de la Gaîté lyrique peut en effet se transformer en lieu d’exposition ou de performances. Ainsi UVA (UnitedVisualArtists), les artistes invités pour l’ouverture, transforment la Gaîté lyrique en un instrument de musique où le public est invité à jouer avec des lumières, des images et des sons, par leurs mouvements et au travers de leurs corps.

Pour la découverte du bâtiment par le public sous forme d’expérimentation ludique, le duo d’artistes français en résidence de création à la Gaîté, I never be a dancer, propose des performances interactives quotidiennes qui déplacent l’idée de gameplay à l’intérieur d’un espace donné. Puis c’est au tour du collectif Rimini Protokoll de mettre un joystick entre les mains des spectateurs avec une création théâtrale entre jeux vidéo et documentaire. Best before, une pièce dont vous êtes le héros !

En plus de son centre de ressources numériques et de son espace jeux vidéo, la Gaîté ouvre une boutique dédiée aux objets nomades, communicants, ludiques et interactifs, dirigée artistiquement par Abdel Bounane. Des cycles récurrents viennent encore ponctuer cette programmation foisonnante par des rencontres entre artistes et public. Ambient Sunday , Documentaire musical, le Folklore du Web par Marie Lechner, le Tour du monde de Gilles Peterson et enfin le laboratoire ouvert Capitaine Futur. Pour sa première édition, cet espace d’expériences pour enfants accueille l’artiste bordelais Mael le Mée et ses « entreprises de fiction biotechnologique » dont l’institut Benway et ses organes de confort n’est qu’un bref aperçu du travail de l’artiste. A découvrir à la Gaîté : un spectacle conté interactif du 17 au 23 mars 2011 : Raoul Pêques et la vaisselle de sept ans.

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